A vrai dire, commenter un championnat du monde dans une discipline que je pratique moi-même depuis une dizaine d’années était inespéré, même si mon bateau permet uniquement de faire du slalom et que je serais bien incapable de tenir l’équilibre dans une kayak de descente !
La Vézère est connue depuis la fin des années 50 comme une rivière digne d’accueillir les meilleurs kayakistes mondiaux. Grâce à un lâcher de barrage à la Pentecôte, le débit passe à 15m3 par seconde. L’eau est très sombre, ce qui empêche de voir les rochers. Il faut donc mémoriser le parcours pour éviter de casser son bateau.
Les épreuves sur Noa
France 3 Noa était en discussion depuis bien longtemps avec les organisateurs du championnat du monde pour les restransmettre en partie. Car on compte deux épreuves distinctes : la classique, sur 6 km d’une rivière qui s’enfonce dans la forêt dans des endroits quasi-inaccessibles à pied ; Le sprint sur 540 mètres d’un parcours qui passe en plein coeur du petit village de Treignac.
Qui dit retransmission, dit réseau de caméra. Impossible d’en installer sur 6 km d’une rivière en pleine nature. Alors seule l’épreuve de sprint pouvait donner lieu à une émission. Pour cela, les organisateurs ont fait passer la fibre sur les 540 mètres de parcours, et 6 caméras pour ne pas lâcher les compétiteurs d’une semelle. C’est un véritable exploit technique. Car la Vézère coule dans un site naturel où rien n’est prévu pour la télévision.
Google form
Il me restait donc à me préparer pour le commentaire. Sur les fondamentaux du kayak comme la lecture de rivière, les contre-courants ou les rappels, je n’ai pas trop de soucis. Mais il ne vous a pas échappé que ce sport est peu médiatisé.
Je me suis vite rendu compte qu’il était compliqué d’obtenir des renseignements sur les athlètes en surfant sur le net. Alors j’ai décidé d’aller directement à la source de l’information en les sollicitant.
Pour cela, j’ai utilisé un formulaire google. Un tiers des sportifs a joué le jeu en me donnant des infos. L’idée était d’humaniser un peu le commentaire en ne donnant pas uniquement des chiffres ou des performances. J’ai par exemple obtenu des anecdotes impossible à trouver ailleurs. Un kayakiste américain m’a avoué qu’on l’avait surnommé Rocky, non pas en raison du film, mais parce qu’il avait l’habitude de percuter tous les rochers qu’il trouvait.
Les organisateurs ont diffusé le google form à toutes les équipes nationales via la fédération internationale de kayak.
Le jour J
Pour m’aider dans le commentaire, j’ai eu la chance d’être accompagné Par Marjolaine Hecquet, trois fois championne du monde de descente, et une fois championne d’Europe. Son oeil d’expert a été indispensable pour repérer les fautes techniques qui font perdre les quelques centièmes de secondes qui coûtent la victoire en sprint. Notre duo a vraiment bien fonctionné. Elle a donné son avis d’expert alors que je faisais passer des informations plus générales.

Pour gérer le dispositif technique, faire l’interface avec les organisateurs, Jonathan De Muenynck avait tout prévu. C’est un chargé de production, c’est à dire un facilitateur qui gère tous les problèmes pour que tout se passe au mieux.
Une équipe technique a mis en place les caméras, une seconde a été chargée de la rectransmission dans un camion régie, avec en plus une caméra HF, un poste commentateur et un mini plateau pour le début des retransmissions avec Marjolaine.
Improvisation totale
Pour ne pas décevoir tout ce beau monde, il me restait à assurer un minumum, faire en sorte que Marjolaine soit à l’aise dans un exercice nouveau pour elle, et surtout à improviser …
Car si l’exercice du reportage ou du direct dans un journal télévisé est très codifié, avec des textes écrits à l’avance, ce type de restransmission est totalement libre. Je n’aurais de toute façon pas eu le temps de préparer quoi que ce soit.
Une pause imprévue de 15 minutes dans l’épreuve de sprint nous a obligé à trouver d’urgence des interlocuteurs à faire réagir sur la première partie de l’épreuve, des reportages à rediffuser, et même un jeune kayakistes pour qu’il nous montre son équipement.
C’est sans compter les interviews faites au débotté en direct avec la caméra HF, face à des athlètes encore essouflés après l’effort.
Pour visionner l’émission, il est necessaire de vous inscrire sur France tv :
L’épreuve de sprint individuel
Avec le recul, je me trouve un peu stressé. Mais à vrai dire, qui ne l’aurait pas été ? La prochaine fois, je penserai à mieux respirer promis ! Marjolaine semble de son côté totalement détendue ! Quel talent !
L’épreuve de sprint par équipe
